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Journées de lecture

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Marcel Proust

Folio/Gallimard

Collection Folio 2/3€ (n° 6242)

96 pages

2024

« La lecture est une amitié » Marcel Proust, p.64

La préface de John Ruskin

« Journées de lecture » est un texte écrit par Marcel Proust. Il s’agit de la préface de l’ouvrage le plus populaire « Sésame et les lys » de John Ruskin parut en 1865, et regroupant les trois conférences tenues par l’écrivain en 1864, en Angleterre,  pour aider à la création d’une bibliothèque :

  • Trésors des rois
  • Des jardins des reines
  • The Mystery of life and its Arts

Marcel Proust traduisit son œuvre, dès 1906, six ans après sa mort. Il lui vouait une admiration sans borne. D’aucuns disent qu’il serait son « prophète ».

Ruskin évoque l’importance de la lecture, qui est pour l’auteur,  une conversation avec des personnages et des personnes, ainsi que l’écrivain lui-même ayant des choses à dire, souvent plus intéressantes. C’est aussi un plaidoyer sur l’éducation des jeunes filles et le rôle de la femme.

« La lecture de tous bons livres est comme une conversation avec les plus honnêtes gens des siècles passés qui en ont été les auteurs. » reprenant les termes de Descartes, p. 37. Enfin, la lecture est populaire et collective.

La préface, ici, exposée est reprise dans « Pastiches et mélanges », ouvrage rédigé par Marcel Proust et publié en 1919 par Gallimard, regroupant l’ensemble de ses préfaces sous la forme d’un recueil.

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La lecture selon Marcel Proust

Marcel Proust répond à John Ruskin et donne sa conception de la lecture : que représente-t-elle ?

Il y fait une réflexion critique et philosophique pas toujours aisée à comprendre. La lecture est un acte volontaire qui suppose un effort, celui d’aller vers elle. Elle donne aussi, plus de plaisir, p.74. Le livre est une porte d’entrée, au lecteur de poursuivre son cheminement intérieur. La lecture est une expérience personnelle et solitaire parce que le lecteur est seul avec : 

  • les personnages
  • l’histoire (récit)
  • l’action
  • les émotions perçues

Elle se veut, donc, silencieuse car l’acte est de rester avec soi-même ; c’est une pratique intimiste qui ouvre à la réflexion personnelle et à la créativité. C’est le point de départ pour une exploration intérieure : « On aime toujours à sortir un peu de soi, à voyager, quand on lit », p.74.

La lecture est comparée à une machine à voyager dans le temps, permettant de traverser les époques, les coutumes, les langues. Lire, c’est apprendre à voir, p. 47.

L’acte solitaire est l’isolement au monde extérieure qui exige silence pour la concentration car le lecteur se fait absorber par le récit. Il est plongé dans l’univers du livre.

Enfin, la lecture possède un potentiel de consolation (passage relatif aux neurasthéniques, p. 48 et suivantes) et d’amitié. « La lecture est une amitié. Du moins, une amitié sincère. Une amitié débarrassée de tout ce qui fait la laideur des autres. »

La lecture, c’est la langue. « Le langage même du livre est pur », p. 66. Le style narratif comme prose est un pouvoir presque magique, complexe et imagée, et c’est ce que retient davantage Marcel Proust. Enfant, il lisait Capitaine Fracasse de Théophile Gautier et restait émerveillé par certaines phrases dans leurs évocations.

Récit autobiographique, préfiguration de la Recherche ?

Dans les 25 premières pages de cette préface, Proust évoque ses souvenirs d’enfance, centrés autour de la lecture. Il décrit comment, enfant, il devait s’isoler pour lire, parfois au prix de la désobéissance, et comment l’environnement familial et social continuait de vivre autour de lui, marquant néanmoins ses souvenirs de lecture.

Ces pages préfigurent l’univers de Combray dans À la recherche du temps perdu, avec la figure du jeune garçon hypersensible, la table familiale animée, et l’importance des sensations et des lieux associés la lecture.

Je retrouve ce cher Marcel Proust, lu, un an auparavant et découvert avec le premier tome, Du côté de chez Swann. Il s’y fait narrateur et raconte ses souvenirs d’enfance ; il a une dizaine d’années et je retrouve le descriptif de Saint-Hilaire, alias Combrai etc.

  • la maison
  • l’escalier
  • sa chambre
  • l’église qu’il voit depuis sa chambre
  • le jardin…

Dans ses souvenirs, le petit Marcel est un grand lecteur. Il y décrit ses lectures, le découpage de ses journées ponctuée par la lecture, l’enrichissement personnel qui s’en dégage : l’évasion et l’imaginaire. Il devient un héros pas comme les autres. Il raconte son bonheur, ses fugues pour se plonger dans ses pages littéraires.

Ces 25 premières pages sont magnifiques ! J’en ai été bouleversée. Le texte et son univers décrits sont d’une grande beauté narrative. Je comprenais ce qu’il ressentait. Je vivais ses émotions car en tant que lectrice, son expérience était partagée, la nostalgie du livre terminé, aussi.

Le temps suspendu à la lecture, le temps à retrouver, une fois le livre achevé, l’espoir de s’y replonger par le souvenir … éphémère ! Ainsi, partir en quête de ce temps perdu car passé.

Pour aller plus loin ?

Découvre l’univers de Marcel Proust avec « A la recherche du temps perdu » et son premier volume « Du côté de chez Swann » dans mon avis publié.

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4 commentaires

  1. Poukynou a dit :

    Merci pour cette Madeleine de Proust !! il me tarde de le lire !!

    1. Oh ! Merci pour le compliment ! C’est très gentil ! Bonne lecture !

  2. Très joli article, merci pour ce partage.

    1. Merci Roseline. Ravie qu’il t’ait plu. Bonne lecture.

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