
416 pages
2025
« La grande prétention du bonheur, voilà l’énorme imposture soviétique... » p.63
Image IA réalisée avec Gemini
L’idéal communiste
Prisonnier du rêve écarlate. Un rêve ? Une utopie ? Une réalité ? Le paradis sur terre ?
Par une nuit noire et glaciale, Matveï Belov atteint la bourgade de Tourok, à douze kilomètre de Pinéga (Chef-Lieu) dans l’Oblast d’Arkhangelsk au nord de la Russie occidentale. Il vient d’être libéré.
Epuisé et transit de froid, il ne doit son salut qu’à Daria qui l’héberge pour la nuit. Elle a compris. Elle en a vu, défiler dans la taïga, ceux qui ont survécu. A quoi ? Au travaux forcés, ce qu’on appelle le Goulag.
Ce roman retrace un demi-siècle d’histoire entre l’Union soviétique et la France à travers le destin tragique et bouleversant de Lucien Baert, un jeune ouvrier communiste français.
En 1939, Lucien, à peine 20 ans, quitte Douai (nord de la France) avec une délégation pour Moscou dans le cadre d’un voyage initiatique à la découverte du communisme :
- l’application de l’idéologie dans la vrai vie
- partir à la découverte de ceux qui ont fait leur Révolution
- de ceux qui ont changé le monde (plus juste, plus coopératif, plus humain, plus égalitaire)
- découvrir le fameux « paradis sur terre »
La désillusion sera grande. Derrière les apparences de bonheur et de fraternité, Lucien découvre la brutalité du régime stalinien.
De retour en France dans les années 60, il ne comprend plus le monde qu’il a quitté près de 30 ans plus tôt. Ne trouvant plus ses repères, déçu par une pseudo intelligentsia de gauche qui l’a porté au nu comme un survivant et un expert des régimes totalitaires, il décide de retourner en Russie dans les plaines de la Taïga.
Retrouvera-t’ il Daria ? La paix de l’âme et le bonheur après toutes ces années d’errance et de souffrance ?

Entre désillusion et résilience
Un roman que j’ai beaucoup aimé, amoureuse de la plume d’Andrei Makine. Ce n’est pas le premier roman que je lis de ce talentueux écrivain. Ici, il aborde différents thèmes :
• La désillusion politique
• La survie et la reconstruction
• le retour impossible
• Une réflexion sur l’Histoire et l’identité
Makine démontre comment les grandes utopies peuvent broyer des individus au nom d’un idéal, transformant les rêveurs en victime d’un système implacable. L’auteur dénonce la perte d’innocence qui n’est pas seulement individuelle, mais aussi collective.
Malgré la barbarie et la déshumanisation du goulag, l’auteur garde une foi profonde dans la possibilité de retrouver une humanité digne, même après avoir tout perdu.
Il oppose la superficialité d’une « société d’estomacs heureux » (vision d’une certaine France hypocrite) à la profondeur des expériences humaines vécues dans l’épreuve, questionnant la mémoire collective et la capacité à tirer les leçons de l’Histoire.
Andreï Makine livre, ici, un roman puissant, empreint d’humanité et de poésie, un plaidoyer humaniste qui met en lumière :
• les illusions perdues du XXe siècle
• la barbarie stalinienne
• mais aussi la foi tenace dans la dignité humaine et en l’amour
Le parcours de Lucien dans « Prisonnier du rêve écarlate » montre la fragilité des rêves face à la réalité. Il met en garde contre les dangers des idéologies totalitaires et de l’oubli, la nécessité de préserver la mémoire.
Magistral !!!
Pour aller plus loin ?
Peut-on rêver, encore ? Croire en un monde meilleur à la chute de l’URSS ?
Et si la nature était le refuge contre toute la violence humaine ?
Je vous laisse découvrir cet incroyable roman, coup de cœur 2025 !
Clic sur la photo pour vivre une grande aventure dans la foret sibérienne.
Photo du bandeau : image IA générée par Gemini représentant le Kremlin à Moscou.