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Mon coin lecture

Nous y étions – 18 vétérans racontent heure par heure le D-Day

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Annick Cojean

Editions Grasset

Mai 2024

« Certains doivent mourir pour que d’autres puissent vivre. »

Winston Churchill, premier ministre britannique (1940-1945)

Dix-huit vétérans racontent    

Dans une longue préface, très intéressante et instructive, Annick Cojean, l’auteur et journaliste à Le Monde raconte la genèse de son roman : « Nous y étions »

D’abord, il est question de la rédaction d’un article de 18 pages pour inaugurer les 50 ans du D-Day, en 1994. Une belle idée qu’elle expose à son directeur, patron du journal, Jean-Marie COLOMBANI. Elle a le feu vert et carte blanche comme on dit.

Alors, la voilà arpentant les rues américaines ou britanniques, à commencer par la Normandie, à la rencontre de ces hommes pas comme les autres. Des hommes ayant vécu le D-Day, du 6 juin 1944.

Un à un, et pendant les cérémonies des 50 ans du D-Day, elle les interview :  pose des questions, écoute attentive et avec humilité, la parole de ces vétérans. Ils y étaient. Ils étaient là sur la plage, dans les airs, dans les trous, sous la mitraille et les obus qui tombaient partout autour d’eux, aveuglés par la fumée, la mort derrière chacun. Ils sont les rescapés de la plus grande opération militaire du 20e siècle, appelée Overlord.

Après huit décennie, Annick Cojean reprend ces entretiens pour en sortir un livre en hommage à ces 18 vétérans venus libérer la France et l’Europe.

18 vétérans pour 18 chapitres où nous autres, lecteurs, revivons, heure par heure, cette journée de sacrifice et de libération.

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Deux vétérans assistant aux anniversaires du D-Day, 2017

Qui sont-ils, ces héros ?

Ils ont entre 17 et 24 ans. Ils portent les noms de :

  • Wally Parr
  • Bill Tucker
  • André Héricy
  • Von Luck
  • John Bulkeley
  • Franz Gockel
  • Len Lomell
  • Jess Weiss
  • Eva Bojack
  • René de Naurois
  • John Snagge
  • Yves Gosselin
  • Ted Liska
  • Romuald Nalecz-Tyminski
  • Bill Millin
  • Denis Boudard
  • Rolf de Boeser
  • Charles Lynch

Ils sont majors, sergents, généraux, capitaines, lieutenants ou commandants ; parachutistes, aumôniers, résistants, reporters de guerre, opératrices dans les transmissions, piper, dragueurs de mines, rangers…

Ils ont peur. Ils savent qu’ils vont mourir et tout au long de cette journée qu’ils n’oublieront jamais, voient blessés et tués sur la plage et à l’intérieur du bocage normand car s’amorce au soir du Jour-J, la bataille de Normandie.

Mais, pour l’heure, l’opération Overlord est un succès et les missions s’échelonnent tout au long de cette journée historique : débarquements à Omaha Beach, Utah Beach, Sword, Juno et Gold. De l’embouchure de l’Orne, entre Ouistreham et Sainte-Mère-Eglise en passant par la pointe du Hoc, soit plus de 177km de côte.

Des milliers de navires à l’horizon, d’avions, de planeurs dans le ciel. L’invasion est impressionnante, les Allemands émerveillés et terrorisés. Rommel avait raison, il savait que cette percée serait fatale à Hitler qui reste campé sur ses positions : « Il n’y a pas d’invasion en Normandie ! ».

L’opération Fortitude est un succès, elle aussi, et permet le débarquement en Normandie, et non à Calais.

Ils sont américains, britanniques, canadiens ou français et pour rien au monde ne voudraient être ailleurs.

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Carte - plages débarquement en Normandie - noms des vétérans - livre - Nous y étions - 2024

Pourquoi ?

Qu’est-ce qui pousse ces jeunes hommes au sortir de l’adolescence à vouloir se sacrifier pour un pays, un continent qu’ils ne connaissent pas ?

  • Bouter l’allemand hors de France
  • Lutter contre Hitler
  • Combattre la dictature et l’idéologie nazie
  • Sauver la France
  • Sauver le peuple de France

« On avait l’impression d’être porté par un évènement si énorme, soulevé par un souffle presque religieux, que sauter sur Sainte-Mère, c’était un peu sauter dans l’histoire. », Bill Tucker, 20 ans, parachutiste, 82e division aéroportée (Airborne), p. 35.

« Je brûlais de me battre pour foutre dehors l’occupant, […]. L’ennemi numéro un était toujours l’Allemand. On me donnait une chance de compenser cette humiliation terrible.[…] ». André Héricy, 23 ans, résistant, p.43.

« Il fallait être furieux. Sauvagement furieux ! Il fallait vouloir casser la gueule de l’ennemi. Et sentir que la bataille était juste. Qu’on était des combattants au service de la justice et du Droit, et de la paix. Et que pour les obtenir, il fallait malheureusement se battre. » René de Naurois, aumônier débarquant sur la plage de Ouistreham (Sword Beach) avec le commando français Kieffer, p.96.

Ce sont ces valeurs : devoir, courage, détermination, précision et conviction (cause juste) qu’Annick Cojean, à travers ces différents témoignages poignants, met en exergue.

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Cimetière américain à Colleville-sur-Mer, Normandie, 2018

Un vibrant hommage pour ne pas oublier

En cette année 2024, jour anniversaire des 80 ans du D-Day, l’écrivain et journaliste donne une voix pour ces hommes qui n’existent plus, morts sur nos côtes et disparus depuis. Presque cent ans !

Des mots, des lignes pour ne pas oublier tous ces braves, morts pour la cause. Pour ne pas oublier cette opération qui fait de nous, français du 21e siècle, des citoyens libres. Non, nous ne sommes pas en Germanie comme le chantait Michel Sardou, en 1968  : 

« Si les Ricains n’étaient pas là
Vous seriez tous en Germanie
À parler de je ne sais quoi
À saluer je ne sais qui

Bien sûr les années ont passé
Les fusils ont changé de mains
Est-ce une raison pour oublier
Qu’un jour on en a eu besoin? »

Un livre qui n’est pas sans rappeler le roman « Le jour le plus long » de Cornelius Ryan paru en 1959 et le splendide film réalisé par Ken Annakin, Andrew Marton, Bernhard Wicki, Gerd Oswald et Darryl F. Zanuck (vu un nombre de fois incalculable), sans pour autant être un bis repetita.

Un livre alliant une écriture aux styles, à la fois normale et en italique, ce dernier faisant office de voix off explicative, introduisant (contexte) et concluant le chapitre (advenu du soldat).

Un livre et une période de l’Histoire qui m’émeuvent  toujours autant, normande de cœur car je pense aussi aux combattants anonymes comme le commandant Henri Augereau, feu mon grand-père et Thérèse Chrétienneau, résistante, feu grand-mère de mon époux.

Photo du bandeau : © In the-compagny of heroes : a silent reunion par Matt-Hallcarte postale achetée en 2018 à Port-en-Bessin, Normandie.

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6 commentaires

  1. JOUFFRAY a dit :

    Un mot: Respect.

    1. Tout à fait, Jouffray. Respect ! Respectons ces héros tombés sur le champ de bataille. Respectons ces héros qui ont survécu et disparu depuis. Un grand merci pour cette libération.

  2. Rien qu’en lisant ton article de blog, j’ai eu des frissons et le livre à l’air très intéressant et émouvant.

    Bravo à toi ma chère amie pour cet article de blog.

    1. Merci, Békir. Très touchée par ton message. C’est effectivement émouvant lorsqu’on pense à ce sacrifice et qu’on réalise que c’est vrai et que ça a vraiment existé. Les années 40 ont été les pires années du 20e siècle. Bonne lecture !

  3. freetv75 a dit :

    Des Héros a qui nous devons BEAUCOUP et qu il ne faut pas oublier ! apprendre de son histoire c est éviter que cela puisse recommencer !! MERCI A VOUS ET AM MME Annick Cojean !

    1. Merci freeTV75 pour votre message. Certes, nous leur devons notre liberté. Effectivement, l’Histoire sert à apprendre de notre passé, à apprendre de nous et de nos erreurs. Vraiment ? La menace est partout. La littérature est là comme un rappel. La littérature enseigne, la littérature cultive. A nous de ne pas oublier les grandes leçons de l’Histoire.

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