224 pages
Rentrée littéraire, 2024
« A l’extraordinaire petit renard. Mon petit fiancé sauvage »
Un pianiste dans la neige
Un pianiste s’invite chez l’écrivain dans sa maison vosgienne. Une visite d’un soir finit par se prolonger en une dizaine de jours. L’auteur « séquestre » ce musicien hors pair.
- L’appât fut le Steinway dans le grenier
- Le piège ? la neige, convive miraculeuse, alliée précieuse pour l’auteur qui s’extasie de ce phénomène météorologique et de cette opportunité s’offrant à elle.
Cette neige bloque la nature entière, empêche toute fuite. Le pianiste est prisonnier. La neige tombe, encore.
Lorsqu’elle s’arrête tout s’immobilise comme le temps. Un temps suspendu pour se rencontrer, s’échanger des regards ou des mots, des moments, se découvrir, s’apprivoiser, s’aimer ?
Une ode à la beauté
- La musique de Bach
- Le pianiste que l’écrivain observe en silence
- La nature omniprésente
Jean-Sébastien Bach nous accompagne dans ce roman comme il me suit dans les mots que j’étale pour dire mon amour de la lecture et pour cette romancière énigmatique et tellement sincère.
Le musicien joue durant des heures. C’est un combat pour décrypter les notes, l’essence de la composition.
Un combat pour explorer sa propre interprétation, comprendre chaque son, chaque rythme ; découvrir la partition, comprendre chaque ressenti, s’imprégner de la musique.
La groupie du pianiste
« La musique passe par le corps. Nos corps sont des chambres d’échos, p.33 »
Celle-ci s’évade, emplissant l’espace : la maison, puis la forêt toute entière, ensevelie, silencieuse. Les tronçonneuses se sont arrêtées, les bûcherons sont rentrés, les chasseurs se sont tues. La musique de Bach soigne les cœurs et les plaies, celles des humains et de la forêt.
Ils sont coupés du monde, le monde chaotique, violent, terrifiant où la mort règne. « Tuer, tuer, tuer. On tuait partout. Tout le monde tuait tout le monde. » p.26
Claudie Hunzinger est une ermite des temps modernes. Elle s’est réfugiée dans cette maison, perdue au milieu de la forêt vosgienne pour fuir ce monde immonde. Et lui, pourquoi est-il, là ? Qu’est-il venu chercher dans cet espace éloigné de tout ?
S’il joue au piano, s’il joue avec les notes, l’écrivain joue avec les mots. Ces mots sont de la poésie, ils chantent. Eux aussi, ont un rythme. Il joue, elle écrit. Deux mondes opposés, deux êtres complètement solitaires, réunis, enfin ?
Il est énigmatique, silencieux, distant. Il semble transparent, fantomatique et sauvage. Elle essaie de l’amadouer, de le comprendre, de l’apprivoiser comme le petit renard ? Elle est attirée par lui, totalement captivée. Elle lui fait peur. Pourquoi ?
- Parce que c’est une vieille dame ?
- Parce qu’elle vit, aussi, dans ses souvenirs d’enfance ?
- Parce qu’elle le désir ? C’est quoi désirer ?
- Que désire-t’elle au soir de sa vie dans cette maison/terrier ?
Tout y est romanesque comme ce musicien, bien mystérieux et beau comme Appolon.
Le petit fiancé sauvage
Un renard s’invite auprès du couple. Si le pianiste l’ignore, elle, n’y est pas insensible. Elle l’épie et le guette tous les soirs, attendant sa visite. C’est un rite qui s’installe au fil de l’eau. Elle s’impatiente de ses venues, s’angoisse quand elle ne le voit pas.
C’est un rendez-vous amoureux, invité au diner. L’auteur le nourrit, lui offre un festin pour mieux l’observer, mieux l’apprivoiser. N’était-ce pas ce qu’elle faisait dans son enfance ?
Cela me fait penser à Saint-Exupéry et son « petit prince ». Après tout, ne serait-il pas son prince charmant ? Il est beau avec sa pelisse rousse, sa queue en panache, ses yeux noirs qui la surveillent.
- Comment ne pas succomber ?
- Ne rêve-t-on pas d’apprivoiser un renard ?
- De l’apercevoir, même furtivement ?
Il est tellement malicieux et vif. Chaque rencontre est une Epiphanie.
Cette belle histoire d’Il neige sur le pianiste ne serait-elle pas de l’amour ou de la fascination pour ce renard, cette musique, ce pianiste, cette immense nature qui nous émerveille et que l’on « tue » chaque jour ?
Tout ici est beauté, cette beauté sauvage qui nous fascine tant. Tout ici est poésie et douceur. C’est émouvant, magnifique :
- la forêt (résineux, épineux et mélèzes)
- la neige (blancheur, flocons)
- le vent (souffle, courant d’air, bruissement dans les branches et les feuilles)
- la lumière ou la nuit qui les enveloppe
- les animaux sauvages rôdant, épiant, cachés comme les cerfs ou ce petit renard
- la musique transcendante, touchante, brutale et envoutante
- les mots de l’écrivain qui émeuvent
Il neige sur le pianiste nous transporte hors du temps, hors des sentiers battus, hors du monde comme une parenthèse enchantée.
Quand la nature et la musique s’associe en lecture cela permet de comprendre qu’il faut se recentrer pour profiter de chaque instant pour observer et écouter des choses uniques qui peuvent nous faire du bien au moral. Merci pour ce récit que je trouve fascine j’ai découvert quelques notions de musique et lieu à admirer dans la nature et comprendre comment elle fonctionne notamment sur la neige donc lire sera un plaisir decouvrir la thématique du roman.
Merci Galise pour ton témoignage et tes compliments à propos de mon billet littéraire. Cela fait très plaisir. Ravie que tu aies passé un bon moment déconnecté sur cette page web. Je te souhaite une belle lecture en compagnie du petit renard et de Bach.
Merci pour cette belle analyse d’Il neige sur le pianiste ! Ta description poétique du roman de Claudie Hunzinger reflète parfaitement l’atmosphère intime et contemplative de l’œuvre. J’ai particulièrement apprécié la manière dont tu as évoqué le rôle de la nature et de la musique, des éléments si essentiels dans l’histoire. Cela m’a donné envie de plonger dans ce huis clos hivernal, où solitude et beauté semblent se répondre. Un très bel article !
Merci Békir pour ton commentaire. C’est exactement ça. Très touchée.
Je t’en prie et au plaisir et comme je le dis souvent l’entraide et la solidarité avant tout.