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La pouponnière d’Himmler

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Caroline de Mulder

Editions Gallimard

288 pages

Mars 2024

« Ces enfants besten Blutes sont précieux, ce sont nos futurs Seigneurs de guerre, ils sont l’avenir de notre peuple. » p.185

Image générée avec l’intelligence artificielle Gemini. Tous droits réservés.

La pouponnière d’Himmler

La pouponnière d’Himmler est un roman choral où le lebensborn est décrit dans son organisation à travers le prisme des protagonistes :

  • Helga: infirmière dévouée à la cause nazie et admiratrice d’Himmler, veille au bien-être des pensionnaires et des nourrissons
  • Renée: française, âgée d’à peine 20 ans, trouve refuge dans le lebensborn, enceinte d’un soldat allemand qui l’a abandonnée
  • Marek: prisonnier politique polonais, rescapé du camp de Dachau, travaille comme jardinier dans l’établissement.

L’histoire se situe en 1944 dans le Heim d’Hochland à Steinhoring en Bavière, à quelques kilomètres du camp de concentration et d’extermination, et de Munich.

Caroline de Mulder nous plonge dans l’univers glaçant de cette maternité nazie, une des premières créées par Himmler, lui-même, se posant en père et « gourou » de son propre système (cérémonie du nom, p. 53) : « Notre religion, c’est notre sang », p. 54.

Nous sommes immergés dans le « trafic d’enfants » entre procréation, vol et enlèvement. La cause est « juste », celle de créer une race dite « Aryenne », la race des vainqueurs, du sang noble car purifié ; celui qui dominera le monde.

Outre la décision d’un repeuplement d’une Allemagne à l’agonie, le but ultime est bien celui de fonder une génération de futurs soldats, une pépinière « de chair à canon ».

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La fabrique de bébés

La politique d’eugénisme menée par Himmler est mise en place par le Doctor Ebner, médecin SS. Dans ce havre de paix, loin de la guerre qui se rapproche inexorablement, la maternité s’ordonnance dans une sorte de huit clos.

Les futures mères ont l’interdiction de sortir, sont surveillées et suivent un emploi du temps très stricte (repas, nourrissage des bébés, sieste, lange, suivis médicaux) vivant en autarcie dans le secret de tous.

Ces femmes sont triées selon des caractéristiques précises et les bébés sélectionnés dès la sortie du ventre. Ceux, jugés inaptes voient leur sort se terminer de manière tragique. Ce n’est pas sans rappeler la politique des spartiates dans la Grèce antique dégagée dans le film « 300 », inscrivant la cité grecque dans un système de valorisation de l’excellence physiologique et comportementale.

L’auteur reconstitue avec une précision historique l’atmosphère des lieux qui atteint son paroxysme à l’arrivée des alliés en 1945 : chapitres magistraux tant dans la tension psychologique (panique, désorganisation, perte de repère, abandon…) que dans la description des évènements qui s’enchainent.

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La dimension morale et psychologique des personnages

La narration chorale explore en profondeur la psychologie des personnages et reconstitue les émotions et les pensées de chacun dans un contexte historique particulièrement obscur :

  • la découverte des lieux et la compréhension du système par Renée, à la fois victime et coupable de son rôle dans le mécanisme
  • l’instinct de survie de Marek qui a peur de retrouver Dachau
  • la prise de conscience d’Helga entre conflit intérieur (morale et devoir), et doutes sur l’idéologie nazie.

Les personnages sont aux prises avec leurs sentiments contradictoires dans leur lutte entre soumission et résistance, survie et culpabilité.

Un roman d’une intensité psychologique sans pathos et captivant dans l’évolution des protagonistes tout au long de ce récit entre vulnérabilité et force intérieure, dilemmes éthiques et analyse de leur expérience vécue au sein du lebensborn. Le lecteur appréhende leurs motivations profondes. Bouleversant !

La pouponnière d’Himmler est richement documenté grâce à des recherches approfondies dans les Archives Arelson : documents privés, interviews de mères du Lebensborn… donnent un récit fidèle aux faits historiques en mettant en lumière ce programme méconnu de l’Histoire nazie. Remarquable roman !

Pour aller plus loin ?

Retrouvez ce magnifique roman, Grand prix RTL lire 2023 de Gaelle Nohant et partez à découverte des enquêtes d’Irene à la recherche des descendants des déportés et de l’institut Arelson.

Clic sur la photo pour découvrir « Le bureau d’éclaircissement des destins »

Photo du bandeau : Lebensbornheim, Säuglingszimmer, Archives fédérales allemandes (licence créative Common – Wikipédia) – cliquez ici

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2 commentaires

  1. Pouky a dit :

    Merci pour pour tes présentations ( images IA ) et tes résumés !!!

    1. Merci Pouky pour votre commentaire, très apprécié concernant l’illustration de la page. ça fait plaisir !

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