
280 pages
2025
Coup de cœur, septembre, rentrée littéraire 2025
« Ce qui m’interpelle, dans la vie de Mel Bonis, c’est certainement la façon dont l’adversité la hante, sans pour autant la briser. Cette femme a été constamment confrontée à l’empêchement, et pour autant, dans la discrétion, sans esclandre mais avec persévérance, elle a réussi à créer et à aimer, à trouver un chemin, en musique comme en amour. J’y vois une leçon de courage ou de fidélité à soi. » Alissa Wenz, les Avrils, 2025
Le désir dans la cage
Alissa Wenz explore la vie de Mélanie Bonis, compositrice et musicienne du XIXe siècle.
Le désir dans la cage fait référence à la :
- passion ou la vocation :
- Le désir symbolise la pulsion créatrice de Mélanie
- Son amour pour la musique
- Sa volonté d’être « compositeur »
- Sa passion amoureuse pour le chanteur Amédée-Louis Hettich. C’est l’aspiration profonde
- cage (l’enfermement) représentant les contraintes de l’époque.
- La « cage » est le mariage de convenance avec un industriel fortuné
- Les obligations d’épouse et de mère
- Les conventions rigides qui l’empêchent d’exercer publiquement et pleinement son art sous son vrai nom. C’est l’espace de vie (la maison, le rôle social) qui devient une prison
L’ouvrage exprime la lutte intérieure et le déchirement de l’héroïne entre le désir d’accomplissement de soi (musique et amour) et l’enfermement des conventions sociales et familiales. C’est l’histoire d’une force créatrice qui s’obstine à vivre et à « inventer sa musique » malgré les barreaux invisibles que lui impose son environnement social.
Dès sa plus tendre enfance, Mélanie se passionne pour la musique et plus particulièrement pour le piano. Son talent est tel qu’elle entre au Conservatoire National de musique sans passer par le concours où elle côtoie Debussy, Satie et Franck…
Là, elle y rencontre Amédée-Louis Hettich, chanteur lyrique. De travail en répétitions communes, nait un amour ardent entre eux, partageant la même passion pour cet art ; mais, refusé par les parents de Mélanie, contrainte d’épouser Albert Domange, un industriel aisé, déjà, deux fois veufs et pères de famille. Elle abandonne la musique et renonce à son amant. Ses désirs sont interdits. Mélanie dans cette « cage dorée » trouve des espaces secrets, se réinventant sa vie.

L’oubliée sort de l’ombre
Je ne connaissais pas Mélanie Bonis. Je n’en avais jamais entendu parler. Je ne suis pas mélomane, mais je connais un peu la musique classique et la plupart des grands compositeurs : Beethoven, Bach, Mendelssohn, Fauré, Debussy…
Ce fut une belle découverte car j’ai aimé cette femme passionnée pour la musique et pour un homme. Cette musicienne m’a émue profondément par sa ténacité et son parcours de vie.
Non connue car effacée, oubliée parce que femme. Le prix de Rome était interdit à la gent féminine. De son vivant, elle composait sous le pseudonyme Mel Bonis, nom masculinisé.
L’écrivaine donne voix et chair à Mélanie Bonis, réhabilitant une femme créatrice que l’histoire et la mémoire collective ont occultée, posant la question de la place des femmes dans l’histoire des arts.
Le roman est un plaidoyer féministe incarnée en la personne de Mel Bonis qui oscille entre contrainte sociale et soif de liberté : Mélanie incarne la lutte des femmes artistes contre l’effacement et la soumission, animée d’une force intérieure inépuisable.
Le piano devient pour elle à la fois une échappatoire et un compagnon de solitude, source de consolation et d’équilibre intérieur. Cette vocation révèle une détermination sans faille, elle n’abdique jamais sous ses apparences dociles et fragiles tout en respectant ses devoirs (conjugaux, maternels et de maitresse de maison).
La musique est son acte de résistance, son exécutoire et surtout son langage (mode d’expression) : désir, amour, souffrance, regret, frustration, espoir, aspirations. Elle caractérise son identité et son émancipation (ultime affirmation de soi).
Mélanie est un personnage d’une intensité rare, une héroïne qu’on admire pleinement.
Le souffle d’une prose intense
Un coup de cœur, ce roman Le désir dans la cage, par l’histoire d’un personnage hors norme et d’une écriture sublime. Une écriture épurée, intense et vibrante dominée par des phrases courtes, des juxtapositions d’adjectifs ou de groupes nominaux rappelant l’asyndète, insufflant rythme, tension et fluidité, captant l’attention et l’énergie : celle du désespoir ou de l’espoir, de la musique et de ses variations, des affres de l’amour, des angoisses…
Enfin, par l’utilisation du pronom personnel « tu » qui m’avait un peu déstabilisé n’ayant pas l’habitude d’une narration à la seconde personne du singulier. Le « tutoiement » est constant dans Le désir dans sa cage donnant une dimension omnisciente et intimiste. Intimité entre Mélanie et le lecteur comme si nous lui chuchotions à l’oreille. Et un dialogue intérieur, celui de Mel à elle-même, comme :
- le récit de ses actes, de ses pensées et de ses émotions
- les encouragements à elle-même
- une sœur perdue, qui serait là pour aider ou veiller sur elle
L’héroïne silencieuse par convention sociale s’exprime en une voix intérieure. Nous sommes au cœur/au centre de Mélanie. Bel ouvrage plein de poésie et de musicalité.
Un blog qui donne toujours envie de lire toujours plus et d’enrichir
sa bibliothèque.
Merci de nous faire découvrir tous ces ouvrages. 👍👏
Un grand merci pour votre commentaire. Je suis très touchée par votre compliment, ça fait chaud au coeur. Merci pour votre fidélité. Je vous souhaite de très belles lectures par ici.