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Le barman du Ritz

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Philippe Collin

Edition Albin Michel

395 pages

Avril 2024

« Lorsque je rêve de l’au-delà, du paradis, je me trouve transplanté au Ritz, à Paris. »

Ernest HEMINGWAY

L’Occupation

France, juin 1940. C’est la débâcle. L’offensive allemande est brutale et stupéfiante. L’armée française recule successivement comme celle des alliées (britannique, notamment) prise au piège à Dunkerque.

L’Allemagne s’enfonce toujours plus loin au-delà des lignes jusqu’à s’installer à Paris. De Gaulle part pour Londres (son appel n’est pas évoqué dans le livre) tandis que le gouvernement de Pétain signe l’armistice à sa demande.

Devant l’Occupant, les Français fuient vers la province ou l’étranger (Angleterre, USA, Suisse ou l’Espagne). C’est l’exode. La France est coupée en deux :

  • une zone au nord, dite « occupée » par le 3e Reich (Hitler vient en personne fouler le sol de la capitale)
  • une zone dite « libre » au sud de la France

Le Ritz, grand palace parisien est réquisitionné par la Wehrmacht et Hermann Göring, numéro 2 du régime nazi s’installe dans l’aile droite, dans la Suite Impériale, côté place Vendôme, tandis que les habitués et le public, occupe l’aile gauche, rue Cambon. La France s’est mise à l’heure Allemande, p.42 

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Façade-hôtel-du-Ritz-place-Vendôme-Paris-photo-Pexel.com

Le barman du Ritz

C’est là, dans le royaume du luxe qu’officie Frank Meier, personnage centrale du roman et barman depuis le 6 avril 1921. Le bar, c’est toute sa vie. Il y tient, il s’y accroche. C’est sa citadelle. Il y a ses habitudes et ses habitués, célèbres :

Il est célèbre lui, aussi car il a écrit un livre « The artistry of mixing Drinks » depuis New-York, à l’aube du vingtième siècle où il y a rencontré le célèbre Bill Cody, (p. 34) et où il a tout appris.

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Le-barman-du-Ritz-fonds-gris-coctail-verre-martini-flacon-de-parfum-Chanel-sous-le verre-décalé-à-gauche-verre-et-flacon-en-couleur

Comment vivre parmi les « boches » ?

Le barman cache un lourd secret, il est juif Ashkénaze (culture juive en provenance de l’Europe de l’Est). 

“ Un bon barman doit vraiment posséder toutes les qualités d’un diplomate et quelque chose en plus.” Frank Meier.

 C’est ce petit quelque chose qui lui permettra de naviguer entre vents et marées, de faire face à la situation :

  • le recensement (10/1940)
  • les interdictions dans les lieux communs (magasins, parcs, transports…) – loi sur le statut des juifs (1940 et 1941)
  • l’établissement de l’étoile jaune pour les juifs (décret du 9/09/1941)
  • les rafles anti-juives comme celle du Vel d’Hiv (07/1942)

Dans ce huis clos luxueux, Frank côtoie les officiers allemands, les VIP et les « collabos ». Il a peur. La tension est palpable tout au long de ce roman.

Il a peur pour lui et pour Luciano son apprenti, juif comme lui et pour Blanche, née Rubenstein et torturée par la Gestapo,  épouse de Claude Auzello, ex-directeur du Ritz car démis de ses fonctions parce qu’aux mains allemandes et dont il est secrètement amoureux.

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Photo créée avec Dall-e par ©entre-ecriture-et-lecture.com

Un Roman immersif

Le livre repose sur des faits réels. Philippe Collin a mis 7 ans pour écrire cet ouvrage, sept années de recherches historiques listées dans la bibliographie du livre.

Si les faits sont bien réels comme les personnages (album photos en annexe), outre celui de Luciano, l’auteur brode en utilisant la fiction.

Le roman se lit facilement et rapidement, la lecture y est plaisante et captivante. Des chapitres courts alternés avec ceux écrits en italiques faisant référence au journal intime de Frank, chapitres fictifs permettant de découvrir son passé et ses pensées dans une écriture omnisciente.

Le roman tient en haleine (suspens, tension, ressentis des personnages, rebondissements) :

  • aviateurs cachés dans le plafond de l’hôtel
  • trafic d’art (tableaux et meubles de l’hôtel) volés par Göring
  • trafic de faux papiers
  • complot de l’assassinat d’Hitler : opération Walkyrie
  • espionnage

Tout le monde s’épie. Tout le monde écoute. C’est le règne des faux-semblants et des secrets. Cela donne une atmosphère particulière, nauséabonde contrastant avec le faste du Ritz comme :

  • la galerie des merveilles
  • le bar
  • les personnages célèbres
  • les cocktails …

L’ immersion est totale entre la scène jouée (les salons et le bar) et les coulisses, entre la vie à l’intérieur et celle de l’extérieur.

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Hall d'accueil du Rizt

Le témoignage d’une époque

C’est, aussi, la découverte d’une période peu racontée dans la littérature, la vie avec l’occupant dans la capitale :

  • les restrictions et les tickets de rationnements
  • le marché noir
  • les profiteurs ou collaborateurs (Charles Bedaux, par exemple)
  • les antisémites
  • les cafés, théâtres (où Guitry connait la gloire) et cinémas ouverts
  • le couvre-feu
  • les laisser-passés
  • la résistance incarnée par Blanche Auzello et le barman du Ritz
  • les Allemands vainqueurs qui sont ici chez eux, p.29
  • la peur des alliés libérant Paris, le 25 août 1944

Ce roman interpelle le lecteur. Se posent les questions suivantes : 

  • Est-on collaborateur parce qu’on sert du champagne ?
  • Parce qu’on dirige un hôtel de luxe durant la guerre d’occupation ?
  • Parce qu’on reçoit la jet-set et la Wehrmacht ?

Qu’aurions nous fait à sa place ?

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2 commentaires

  1. Il n’y a pas photo : lire un CR sur une page de site est très agréable ♥ j’ai ce livre dans mes « envies » je dois l’emprunter à la médiathèque l’année prochaine

    1. Bonjour Wictoriane. J’en suis ravie. Une lecture plaisante, une vision de l’ Occupation. Merci d’être venue sur mon blog et d’y avoir laissé un message. Je te souhaite une belle lecture dans un magnifique palace.

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