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Houris

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Kamel DAOUD

Gallimard

416 pages

2024

  • Prix des lecteurs des écrivains du Sud, 2025
  • Prix transfuge du meilleur roman français, 2024
  • Prix Landerneau des lecteurs, 2024
  • Prix Goncourt 2024

Coup de cœur 2025 

« Ils ont tout effacé […]. Personne ne s’en souvient ou n’ose se souvenir en Algérie du jour où l’on tenta de m’égorger ». P, 54.

Houris ?

Ce sont des vierges, des personnages célestes. Des femmes belles qui attendent les fidèles martyrs au paradis, destinées aux plaisirs sexuels des hommes.

C’est aussi, le nom utilisé par Aube (Fajr), l’héroïne du roman, muette. Sans voix,  parce qu’égorgée à l’âge de 5 ans dans le village de Had Chekala qui a fait 1000 morts dans la nuit du 31 décembre 1999.

Houris ? c’est le nom qu’elle donne à l’enfant qu’elle porte en elle, persuadée que c’est une fille. Aube se pose des questions. Doit-elle garder cet enfant dans cette Algérie qui ne laisse aucune place aux femmes ?

Silencieuse et en colère contre cette injustice, Aube décide de retourner sur les lieux du crime, là où elle est née, là où elle est morte. Elle veut expliquer au bébé à naître, son histoire et les raisons pour lesquelles, elle s’apprête à commettre l’irréparable.

Ainsi débute une quête sur la vérité, une quête contre l’oubli.

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Une lecture commune

Le roman Houris est lu en aout 2025 dans le cadre d’une lecture commune avec Carolinedago2024 (Instagram).

A la suite de laquelle, nous avons décidé de rédiger une chronique à 4 mains dans une publication à la fois :

  • sur le blog entre-ecriture-et-lecture.com
  • sur le réseau social à découvrir sur nos deux feed

Nous nous accordons sur la force et la nécessité du roman qui examine la guerre civile algérienne des années 1990, en donnant une voix aux victimes réduites au silence par l’histoire officielle.

Nous voyons, dans  ce livre, un témoignage bouleversant et mémoriel, porté par la figure d’Aube, survivante muette d’un massacre, qui s’adresse à l’enfant qu’elle porte en elle.

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Ecrire contre l’oubli

Nous saluons, unanimement, le style décriture :

  • poétique
  • métaphorique
  • d’une intensité bouleversante

Il séduit autant qu’il oppresse par la densité des images et des mots. Nous insistons sur la charge émotionnelle puissante : un récit si dur qu’il peut donner la nausée, mais dont la vérité doit être regardée en face, pour rompre avec l’oubli et la négation.

Le roman est reconnu comme une œuvre de courage, autant politique que littéraire, où l’auteur tente de réhabiliter les victimes, de raviver la mémoire collective et de dénoncer le silence des autorités algériennes.

La condition des femmes occupe une place centrale :

  • oppression
  • mariages forcés
  • violences sexuelles
  • effacement symbolique et social

Le destin d’Aube et du bébé qu’elle hésite à mettre au monde incarne cette impossibilité d’avenir féminin dans une société étouffée par la guerre et le rigorisme religieux.

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Ville de Oran, Algérie

Quand la beauté de l’écriture rencontre la violence du texte

J’exprime une admiration sans réserve pour l’ensemble du roman de Kamel DAOUD :

  • le style
  • la structure en trois parties (la voix, le labyrinthe, le couteau)
  • l’entrelacement de l’intime et de l’Histoire

Pour moi, la lecture commune m’a aidée à franchir mes appréhensions, et j’en ressors émerveillée par la puissance littéraire et mémorielle du texte.

Caroline, de son côté, reconnaît, également, la beauté et la justesse de l’écriture, mais confie avoir été submergée par la violence du récit. Le roman lui est apparu tellement dur qu’elle n’a pas pu le terminer, malgré l’importance qu’elle lui accorde. Son ressenti reste ambivalent :

  • admiration pour le courage et la nécessité de l’œuvre
  • incapacité personnelle à supporter une lecture aussi éprouvante, Caroline cherchant habituellement dans les fictions, un refuge apaisant
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Carte géographique de l'Algérie - village de Aube, Had Chekala

Un roman d’une double force

Nos deux avis révèlent la double force de Houris :

  • l’œuvre littéraire magistrale par son style poétique et sa construction
  • le témoignage insoutenable par la brutalité de ce qu’il raconte et déterre

Pour moi, cette force est une révélation. Mon 3e coup de cœur de 2025 ! Pour Caroline, elle devient une limite à son chemin de lecture. En somme, Houris est perçu à la fois comme :

  • un chef-dœuvre nécessaire
  • une expérience de lecture éprouvante

marquée par l’admiration, la mémoire et la difficulté de faire face à l’horreur

Pour aller plus loin ?

Kamel DAOUD dénonce la condition des femmes dans son pays l’Algérie au nom de lois religieuses.

Un parallèle avec ce très beau roman choral empli de résilience, tourné vers l’espoir de la liberté ! 

Clic sur la photo pour découvrir la chronique ! 

Photo du bandeau : Mosquée Abdelhamid Ben Badis (Oran) – Wikimédia Commons, 11 janvier 2018. Photographie non modifiée. 

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2 commentaires

  1. Caroline Dago a dit :

    Magnifique article ! Merci pour cette lecture commune et ces échanges, une belle expérience, comme ce roman rare 🌻

    1. Merci Caroline, ça me touche énormément. J’étais ravie aussi de nos partages et tu as été une bonne partenaire de lecture pour aborder ce livre difficile. J’adore Instagram et nos communautés qui permettent la découverte de livres et de lecteurs.

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