Mathilde Ramadier (Traducteur)
215 pages
2024
«On veut la liberté, quoiqu’il en coûte. On est donc prêts à mourir plutôt que de continuer à vivre dans une telle situation» p.87
Elles sont 16 !
Seize femmes iraniennes, qui à travers ces pages, témoignent de leur vécu en Iran et au-delà de ses frontières. Par ces témoignages poignants, elles montrent au monde entier le courage qui les caractérise. Elles n’ont pas peur ! Comme un cri, elles clament d’une même voix : « nous n’avons pas peur ».
Ces femmes sont jeunes, elles ont entre 18 et 75 ans ; elles sont instruites et cultivées (parcours universitaire). Elles sont artistes (comédienne, réalisatrice, photographe ou peintre), avocates, journalistes, politologues ou militantes des droits humains.
Ces femmes sont les voix qui s’élèvent depuis l’exil (Etats-Unis, France, Allemagne, Angleterre). Elles ont quitté l’Iran parce qu’elles ont dû fuir, une fuite pour certaines d’entre elles depuis l’enfance (parents/famille en danger : blacklistés).
Elles racontent leur expérience du régime en place depuis la dernière révolution, celle de 1979.
Elles s’appellent Golshifteh Farahani (interview la Grande Librairie, France 5, 7 mars 2024), Shila Behjat, Shirin Ebadi (prix Nobel de la paix en 2003) ou Narges Mohammadi (prix Nobel 2023), Nazarin Boniadi…
Peur de quoi ? Peur de qui ?
Elles dénoncent et condamnent la République islamique : un régime totalitaire. La population n’est pas libre et subit de violentes répressions, les Droits fondamentaux n’étant pas respectés :
- Espionnage (bassidjis)
- Ecoute
- Kidnapping/arrestation
- Enfermement/emprisonnement (prison : Evin et Ghartchak)
- Torture physique et psychique
- Viol
- Isolement (écriture, visites)
- Exécutions (pendaison : adulte ou enfant)
- Repressions fermes sur deux catégories particulières de la population :
- Les femmes (aucun droit) parce que non considérées en tant qu’être humain > port du voile (hidjab dès l’âge de 7 ans)
- Les minorités (Baloutches, Kurdes, Yézidis, Baha’is)
- Les manifestations (interdites)
- Pressions (menaces sur la personne elle-même ou les membres de la famille), même en exil !!!
Ces femmes contestataires dénoncent :
- la pression exercées sur la population qui étouffe et qui meurt
- la corruption
- la main mise d’une oligarchie masculine exerçant les pleins pouvoirs et les pleins droits auto-octroyés par cette caste théocratique
Cette pression (tyrannie), essentiellement régie par la peur et le contrôle via les Gardiens de la Révolution (les Pasdarans).
Vers l’espoir ?
Ces femmes participent depuis l’occident à la révolution en place en Iran, déclenchée par la mort de Jina Mahsa Amini
Le peuple se réveille, le peuple s’insurge et se soulève, et elles comme lui, désirent la mise en place d’une démocratie (ils sont 76%) et l’auto-détermination des femmes. (Terme récurrent dans ce livre).
Le peuple devient dissident et rêve de pouvoir vivre en liberté dans le respect des droits essentiels et dans l’égalité des droits civiques par l’abolition de tout le système, p.54.
« La société change sur de nombreux points : la jeune génération ne veut plus de cette misère économique, ni du système corrompu, ni de cette mise sous tutelle à tous les niveaux », p.54.
- 16 chapitres pour 16 femmes
- 16 chapitres pour dénoncer et crier l’espoir d’un renouveau en terre perse
- 16 femmes faisant écho au mouvement « Femmes, vie, liberté »
Des chapitres pour éveiller la conscience collective (ici où là-bas) qui grandit chaque jour un peu plus afin de croire en leur force, la force des valeurs qui unis tout un peuple.
Un livre bouleversant de réalisme, de force et de détermination. Un livre empli de résilience.
Pour aller plus loin
Un récit de voyage en Iran à la fin de l’année 2022. François-Henri Désérable (l’auteur) désire suivre les traces de Nicolas Bouvier (1929-1998), écrivain, photographe et voyageur, qui écrivit L’usage du monde en 1963, un ouvrage devenu sa Bible.
Ici, il relate les 40 jours vécus en ex-Perse suivant le parcours de son idole, d’ouest en Est (Téhéran, Qom, Kāchān, Ispahan, Chiraz, Persépolis, Abarkouh, Yazd, Kerman, désert de Lout, Keshit, Bam, Zāhedān (frontière Pakistanaise). Puis, Tabriz pour terminer par Saqqez dans le Kurdistan où un gardien de la Révolution lui intime l’ordre de rentrer chez lui, de s’en retourner en France ; ce qu’il fit.
Clic sur la photo pour accéder à sa chronique littéraire.
Lire leurs témoignages permet de comprendre davantage que les femmes sont résilientes, patientes et ne supporte pas l’injustice. Il est important de savoir que dans sa chaque pays certaines femmes n’ont pas les mêmes droits . Livre intéressant qui me donne l’envie de découvrir leur témoignage.
Oui, je te le conseille. Un livre bouleversant, une ode à la liberté, un hymne au courage de ses femmes qui luttent chaque jours. Un combat que Nous autres femmes devront menés partout sur la planète. Nous sommes des êtres humains et avons droit au respect et à l’égalité des Droits civiques. Il est nécessaire de lutter contre l’obscurantisme religieux et le régime totalitaire où qu’il soit sur la Terre.