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Mon coin lecture

A la ligne

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Joseph Ponthus

Folio poche

288 pages

2019

Prix RTL-Lire – Grand Prix – 2019

Prix Régine DEFORGES – 2019

« C’est fantastique tout ce qu’on peut supporter. »

Guillaume APOLLINAIRE

La ligne

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Pêche à la ligne ? Point à la ligne ?

A la ligne ou la ligne de production. Une ligne. Longue, très longue, trop longue, aux cadences infernales, totalitaire, implacable, maîtresse du rythme, esclavagiste, bruyante.

A la ligne, une ligne prolétarienne qui lutte contre le temps pour remplir des quotas décidés par le marché, le client, les commerciaux.

Une ligne affutée, dévoreuse d’individus, exploitatrice, déshumanisante. C’est cet univers que décrit Joseph PONTHUS.

L’usine

Lettré, il a tout quitté : la région parisienne, son travail… pour suivre son épouse, en Bretagne, sur l’ile d’Houët. Là-bas, il n’y a pas de boulot, mais l’usine.

Intérimaire, pour quelques sous, il raconte son quotidien sur la chaîne, la ligne comme il l’appelle dans les conserveries de poissons (crevettes, crabes, plats préparés, tofu) ou à l’abattoir (nettoyage, carcasses sur rail).

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Il raconte les tâches inlassablement identiques :

  • la fatigue
  • la souffrance du corps mis à mal par le travail très physique qu’impose la ligne
  • décrit la répétition
  • la nuit
  • les pauses
  • le temps qui s’écoule, vite et long à la fois
  • les horaires décalés
  • le travail abrutissant
  • la solitude de la ligne où chacun est à son poste
  • la ligne qui isole, où l’humain est robot

Il faut tenir le coup. Il faut tenir bon. Pour cela ? L’évasion.

Des héros d’un autre temps

Si le corps travaille sans réfléchir, l’esprit vagabonde, vadrouille, se libère. L’évasion viendra de Charles Trenet et des chansons qu’il fredonne ou qu’il chante à tue-tête.

La liberté viendra de sa culture littéraire car l’auteur a connu une autre une vie avant celle-ci. Il puise dans ses souvenirs, sa connaissance pour chanter, réciter, penser à ses auteurs latins, ses poètes d’un autre temps qu’il récite sur la ligne : 

Il pense à Vatel et à la marée qui ne vient pas, en retard, devant ces crevettes dont il remplit des cageots entiers de 10kg. Ses pensées vont à Aragon, Pérec, Ronsard ou Proust, à Fernand REYNAUD et ses sketches, fait des contrepèteries.

Tenir jusqu’à la paye. Tenir jusqu’à la débauche. Il pense à son épouse, à son chien, à sa mère et à ses week-ends, et ses balades au bord de mer.

Cadence de la ligne – cadence de l’écriture

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A la ligne ?

C’est la composition du texte. Comme des vers, des phrases courtes, sans ponctuation…

A la ligne, donc !

Cela peut être déroutant au début, mais l’on s’y fait très rapidement. 

C’est ce qui donne le rythme au texte :

  • Une lecture rapide comme la cadence de la ligne
  • Une lecture rapide comme les pensées qui s’envolent au gré, au fil des heures, du travail entre acharnement, colère et frustration
  • Entre douceur, pause et épuisement avec comme garde-fou, l’humour en filagramme, ironique et caustique

Un roman qui ne laisse pas indifférent

Magnifique ouvrage, révélant la dureté de la condition comme un journal de bord racontant la précarité absolue de notre époque, un hommage aux camarades restés au front.

Interview Joseph Ponthus

Le livre coup de coeur : dans l’enfer du travail à la chaîne

La Grande Librairie, 2019

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8 commentaires

  1. Très intéressant comme article de blog et très illustré aussi, bravo à toi pour cet article de blog

    1. Merci pour ton message et tes appréciations. Peut-être un roman à lire ?
      Bonne journée !

  2. JOUFFRAY a dit :

    La passion des livres associé à une critique objective et exhaustive d’un ouvrage, un blog formidable qui donne envie de découvrir les ouvrages présentés
    Merci.

    1. Bonjour Jouffray ! Merci pour ton commentaire. Merci pour tes appréciations qui me touchent. Cela m’encourage à faire toujours mieux. J’espère que ce blog te donne des pistes de lecture et participe à t’offrir des moments sereins et joyeux, plongés dans la littérature. N’hésite pas à y venir pour te tenir au courant des dernières actualités. Le blog est régulièrement mis à jour.

  3. Galise a dit :

    Sujet auquel je n’aurai pas la curiosité de lecture mais avec ton article qui est interactif tu donnes envie de lire et surtout comprendre les conditions de travail à la chaîne.

    1. Bonjour Galise,
      Il est vrai que le sujet du livre n’est pas un sujet classique. Cependant, le bouche à oreille, la presse et l’émission « La grande librairie » en avaient parlé de manière très positive. L’ ouvrage avait reçu un très bon accueil de la part des critiques. C’est ce qui m’avait donné envie de lire le roman que j’ai beaucoup apprécié. La littérature ouvre de grandes portes sur le monde et nous permet d’ apprendre et de comprendre notre environnement. Elle n’est pas que fiction.
      Je te remercie pour ton commentaire. Il m’a fait chaud au cœur ❤️ Tu as parfaitement compris mon univers. Je veux que mes critiques littéraires soient immersives afin de donner envie aux lecteurs. Je suis ravie d’y être arrivée. Je te souhaite de bons moments de lecture.

  4. Un livre extraordinaire. J’ai été tellement triste d’apprendre le décès de l’auteur.

    1. C’est vrai. Je suis d’accord avec vous. J’ai adoré son interview avec François Busnel dans La Grande Librairie. J’avais trouvé un auteur intéressant et fascinant. Il m’avait séduite comme son texte. Comme toi, sa disparition fut un choc car nous avons perdu un grand auteur qui aurait pu encore dire, dénoncer, écrire. On l’aurait suivi sur Instagram.

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